Souvenirs de Baie des Pins 04
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Voyeur malgré lui
Les semaines du mois d'août furent une véritable lune de miel. Je ne parlais que de Jean-Marie. Jean-Marie pensait ceci de cela. Il faisait ceci comme cela. Il savait ceci et croyait cela...Bref! Si j'espérais la discrétion sur « la nature » de nos relations, pour un esprit le moindrement perspicace, cette « nature » justement était évidente. Ma mère fut la première à s'en apercevoir et surtout à s'en inquiéter. J'ai compris bien des années plus tard qu'elle ne voulait pas me priver de mon bonheur. Cependant, comme elle connaissait ma fragilité émotive, elle était certaine que je me préparais un grand chagrin.
Néanmoins, je ne croyais pas à une échéance possible de notre amitié. L'approche du mois de septembre et de mon retour au collège suscitait des prouesses d'imagination pour qu'on puisse passer des week-ends ensemble. Mais, en attendant cette fatalité du calendrier, je nageais dans le bonheur. Il m'amenait faire des ballades avec l'auto de sa mère. On découvrait la région. On montait au Calvaire de la montagne dont les chapelles isolées et presque abandonnées, avaient été construites par les amérindiens au XVIIè siècle. On s'embrassait derrière ces chapelles.
Sur le territoire de la Réserve iroquoise de Kanesatake, dans la grande pinède, il y avait des manèges et des écoles d'équitation. Il m'initia au cheval. Il m'apprit à pêcher, à m'orienter dans les bois et même à nager. En fait, il m'apprenait ce que souvent un père enseigne tout naturellement à son fils quand il est en mesure de le faire. Mais voilà; moi, c'était mon amoureux qui me l'apprenait. Mes apprentissages finissaient souvent par une activité sexuelle dans notre tente au fond de notre petite baie secrète ou dans les sous-bois au cours de nos promenades. Quel beau mois d'août je passais!
Un jour, vers la fin du mois, il m'avait dit que sa mère irait à la ville pour trois jours et qu'il en profiterait pour dormir tard. Un matin, vers 11 heures, ne l'ayant pas aperçu remonter la rue avec son éternel maillot bleu dont chaque petite rondeur maintenant se transposait en une forme précise et connue, ayant une odeur et une saveur propre auxquelles ma mémoire désormais, et non plus seulement mon imagination, attribuait des heures de plaisir passé et à venir, j'ai décidé de me rendre chez lui pour le réveiller.
La maison qu'il habitait était entièrement entour ée d'une haute haie de cèdre de sorte que les voisins ne pouvaient voir personne se trouvant sur la pelouse ou dans le jardin. Comme je savais quelle fenêtre était celle de sa chambre, je me suis approché lentement pour le surprendre. Les persiennes étant légèrement entrouvertes, j'étais donc en mesure de voir clairement dans sa chambre sans être vu.
En m'approchant, j'ai cru percevoir des ombres et du mouvement. J'ai donc décidé de l'épier, ou plus précisément, selon un vieux mot du vocabulaire québécois que ma grand-mère utilisait mais qu'on entend rarement de nos jours, j'ai décidé « d'écornifler » ce qui signifie : regarder abusivement sans autorisation un lieu ou une personne.
Il était tout nu, à genoux sur son lit, sniffant l'intérieur de son maillot bleu qu'il tenait d'une main, tandis que l'autre il s'affairait sur sa queue toute bandée. J'ai fait un mouvement pour me découvrir afin de pouvoir m'introduire dans ses jeux, car je me sentais un peu jaloux de voir qu'il ne m'ait pas attendu et qu'il ait résolu de s'amuser sans moi. Mais vitement je me suis rappelé que moi aussi je trouvais fantastique de me masturber seul dans ma chambre en imaginant ce que j'avais envie de lui faire lors de notre prochaine rencontre ou en me souvenant de notre dernier rendez-vous sous la tente.
Enfin, j'ai fini par trouver terriblement excitant de le voir faire «sa chose» alors qu'il se croyait seul. J'ai ressenti tout à coup les mêmes battements de cur que ceux que j'avais ressentis, avant de le connaître, quand je le voyais passer dans la rue, en pleine nuit, avec son seul maillot bleu marine. C'était au temps où j'imaginais qu'il devait bien se rendre à la plage non seulement pour pêcher mais aussi pour faire...cette autre chose.
Mon esprit me ramenant en arrière dans le temps, mon excitation me sembla soudain redevenir pure, voire brute et sauvage, j'oserais même dire. J'entrais dans l'univers secret de Jean-Marie par une porte condamnée car ce n'était pas celle qu'il m'avait autorisé à franchir. Inutile de dire que j'étais bandé et au bord de l'explosion; il n'eut pas fallu que je me touchasse sinon...
Alors que je me demandais si j'arrivais au début, au milieu ou vers la fin de sa « cérémonie », la suite des événements me fit conclure que je ne devais pas en avoir manqué beaucoup. Car, après avoir sniffé son maillot avec lequel il avait sans doute dormi (j'avais constaté que son maillot sentait souvent très fort car il le portait jour et nuit; là j'en avais la preuve et je voyais en plus que cette odeur l'allumait), il le déposa sur le lit après avoir semblé remarquer quelque chose sur le mur. En tournant un peu la tête, j'ai vu qu'il se voyait dans un grand miroir couvrant presque toute la porte fermée de sa chambre.
Il se leva et s'approcha du miroir. Il s'observa de tous les côtés et scruta chaque partie de son corps, examinant même les plus secrètes. Il pinçait ses mamelons après y avoir déposé un peu de salive. Il se cambrait, pointait son pénis vers le miroir comme s'il donnait un show au spectateur virtuel qu'il était. Puis, il s'approcha du miroir pour aller déposer un peu de liquide pré-éjaculatoire sur son image. Il se pencha ensuite et le lécha. Tout à coup, son regard sembla un instant attiré vers la commode et plus particulièrement vers un tiroir précis de la commode. Il s'y dirigea, l'ouvrit et il en sortit des pinces à linge en bois. Il revint face au miroir et installa une pince à linge sur chacun de ses mamelons et la laissa pendre. Il semblait satisfait de la petite douleur qu'elles provoquaient. Il prit ensuite son scrotum dans sa main, l'étira et attrapa la peau pincée entre l'index et le pouce et, sur les plis ainsi formés, il vint y fixer deux pinces à linge.
Il observait son installation avec une évidente satisfaction tout en se masturbant lentement et en jouissant sans doute de la douleur provoquée par les pinces à linge. Du liquide coulait plus abondamment de son méat. Il le ramassait avec ses doigts et tantôt il le léchait, tantôt il venait l'étendre sur le miroir comme s'il le déposait sur le personnage virtuel que lui renvoyait le miroir. Il s'approcha ensuite tout contre du miroir et posa ses lèvres sur les lèvres de l'image. Il se lovait. Il sortait sa langue et la collait sur la sienne comme il l'avait fait avec la mienne sous la tente. Il baisait avec lui-même.
Comme Narcisse, il était fasciné par son image et sa beauté. Tout à lui-même, il n'imaginait même pas mon existence. Comme Narcisse également, il n'entendait pas le chant de la nymphe Écho. J'étais à la fois excité et attristé par le spectacle que je voyais. J'avais sorti ma queue et je me masturbais lentement. Mais je mesurais également l'impossibilité de ne jamais posséder un être. Qu'importe l'intensité de la passion et du désir, l'autre poursuit seul le chemin de ses fantasmes et, même lorsqu'on tente de les partager et de les vivre à deux, il se trouve toujours des sentiers nouveaux pour se perdre et se retrouver, toujours seul avec soi-même.
Je songeais aussi que, comme Narcisse, ceux qui sont trop beaux, ou ceux qui sont persuadés d'être trop beaux, finissent toujours par mourir au bord de leur image. Ils n'entendent plus «l'écho» de personne. Mais il en va de même aussi pour ceux qui sont trop laids ou qui se croient l'être. Ne comprenant pas qu'on puisse les désirer parce qu'ils ne se désirent pas eux-mêmes, ils s'isolent dans leur monde et n'entendent plus non plus les appels «d'Écho». Somme toute, il n'y a de Salut, c'est-à-dire de vrai partage, que pour les gens ordinaires qui se satisfont d'eux-mêmes. Contrairement à ce qui l'on croit, le bonheur sexuel est pour les gens ordinaires.
Il recula ensuite lentement et vint s'asseoir au pied de son lit, face au miroir. Il releva les jambes pour contempler son cul en écartant ses fesses. Il l'examinait avec attention et intérêt. Sa langue caressant ses lèvres montrait qu'il jouissait du spectacle. Il mit de la salive sur ses doigts et vint caresser son cul amoureusement, tout autour du trou d'abord, puis, reprenant de la salive avec ses mêmes doigts pour pouvoir goûter de son cul en même temps, il les enfonçait un peu plus à l'intérieur jusqu'à ce que son index bute contre l'anneau de son cul. Il ajouta ensuite le majeur en augmentant ainsi l'élasticité de son trou. Puis, il travailla à l'assouplir durant un bon cinq minutes ajoutant par moments un peu de nouvelle salive.
Il prit ensuite une autre pince à linge, l'ouvrit et introduisit un volet de la pince sous le bord intérieur de son anneau anal et rabattit l'autre sur le bord extérieur. Une pince à linge lui serrait ainsi le bord du cul, un morceau en dedans, l'autre en dehors. Tout ça ne devait pas être très confortable. Mais toutes ces petites douleurs, devaient sans doute augmenter son plaisir car je l'entendais gémir de satisfaction lorsqu'il se laissa retomber sur le lit. Il écarta bien les jambes et commença de se branler plus allègrement. Sa queue était dure et très gonflée, presque bleue. Il attrapa de nouveau son maillot couleur marine et le plaça sur son nez. Les gémissement augmentèrent et furent suivis d'un cri sourd de soulagement. Des jets de sperme furent projetés dans l'air. Un jet passa par-dessus sa tête et atterrit sur le mur derrière la tête de son lit. Mais il y avait aussi quelques giclées sur son beau visage, sur sa belle gueule de mâle à faire ressusciter les morts. Rapidement après sa jouissance, il retira les pinces à linge et se laissa choir sur le lit pour reprendre son aise. Tandis qu'il se reposait, de mon côté, je ne pouvais me retenir davantage et j'ai éjaculé.
Le bruit de ma jouissance attira son attention vers la fenêtre. Il enfila son maillot en toute hâte et courut ouvrir complètement les persiennes. Il était stupéfait. Les yeux exorbités, il me somma de lui dire ce que je faisais là et depuis combien de temps j'y étais. Je lui ai avoué toute la vérité et que j'avais presque tout vu. Il devint rouge à la fois de honte et de colère et me cria d'entrer.
Après m'avoir engueulé décriant mon manque de discrétion pour m'être laissé aller jusqu'à envahir son intimité, il écouta presque avec rage mes explications. Mais, je n'en avais aucune. En réalité, je n'avais fait que suivre l'excitation qu'avait produite la découverte presque fortuite de ce qu'il faisait c'est-à-dire sa capacité à se donner des plaisirs aussi variés et aussi originaux. Il me regarda alors de l'air de quelqu'un qui cherche comment vous faire expier votre faute. Car lui, il était certain que j'avais commis une faute. Il cherchait seulement quel châtiment conviendrait le mieux à une telle intrusion dans sa vie privée.
Son regard me fit vite deviner le genre de délibérations qui se déroulaient dans sa tête. J'ai décidé alors intuitivement de faciliter sa prise de décision; ce qui était la seule façon de ne pas le perdre. Ou bien je parvenais à apaiser sa colère en m'ingéniant à nourrir un autre de ses fantasmes et à rétablir une atmosphère de jeu entre nous, ou bien je le perdais pour toujours en installant définitivement chez lui une sorte de honte d'avoir été surpris dans son univers secret. J'avais commis le crime d'avoir emmagasiner dans ma mémoire des images-souvenirs qui m'étaient interdites. Le crime de lèse-sexualité!
Je lui ai donc dit que je méritais une punition et que ferais tout ce qu'il voudrait bien m'imposer comme sanction. Un sourire illumina sa figure. Il murmura : « Oh! Oh! Voyons ça! et il ajouta, avec un air coquin et faussement sérieux, qu'est ce qu'on fait aux petits garçons désobéissants? Allez! Dis-le! » Je n'osais rien dire. Il ajouta : « Si tu ne choisis pas une punition convenable, si c'est moi qui doit choisir pour toi, la punition sera plus sévère ».
« Peut-être, dis-je alors timidement, que je mériterais une fessée! ». Et je bandais déjà à l'idée qu'il allait me la donner. Dans son maillot bleu, lui aussi recommençait à bander en songeant à cette nouvelle activité qui passait d'un simple fantasme à une réalité bien accessible. « Comme première punition, c'est un bon début » me dit-il. Enlève tout. Je veux te voir tout nu pour te donner la fessée. » J'ai obéi en révélant l'état de mon excitation. « À voir ta queue toute bandée, je ne suis pas sûr que ce soit vraiment une punition, dit-il. Mais je vais m'arranger pour que tu t'en souviennes longtemps de ta fessée. Demain encore tu ne pourras pas t'asseoir. »
Sur ces mots, il m'attrapa par le bras et me coucha sur lui alors qu'il était assis sur le bord du lit. Il m'écarta les jambes et attrapa mes couilles par derrière en les serrant assez fortement pour que je manifeste de la douleur. Puis, il commença à me taper les fesses avec ses larges mains. J'entendais les claquements et je ressentais un atroce pincement sur la peau. Les premiers coups ne furent pas si mal, mais après une bonne douzaine, avec mes fesses qui devaient être rouge sang, je ne pouvais retenir un cri: « Ça fait mal Jean-Marie! »
« Bien sûr que ça fait mal, petit voyeur! Et je n'ai pas fini... » Il continua et ajouta de la force. J'en ai reçu vingt-cinq. J'avais les larmes aux yeux mais il n'était pas question de lui dire d'arrêter. Mon orgueil me l'interdisait ainsi que la conviction que c'était la seule manière de conserver son amitié. Curieusement, je ne débandais pas. Au contraire. Recevoir une fessée de lui, de mon bel homme adoré et tant désiré, c'était une jouissance en soi. Il s'arrêta soudain et regarda son uvre. « Il faudrait du sperme là-dessus pour calmer la douleur; mais avant je veux enculer ce petit cul que j'ai si bien rougi. »
Il s'allongea sur le lit après avoir retiré son maillot bleu. Ensuite, il me fit mettre à genoux, les jambes écartées de chaque côté de son corps, le cul vers sa face. Il me caressait les fesses et disait des « Oh! Oui! « Quel beau petit cul tout rouge. On voudrait manger ça et fourrer ça! Et on va le faire»
Il cracha sur ses doigts et commença à me lubrifier avec sa salive. D'abord avec un seul doigt, puis avec deux. Entre les étapes de lubrification, il m'embrassait les fesses et les léchait. Chaque coup de langue ne faisait que raviver la douleur. Quand je lui ai fait part de cela, il m'a mordu les fesses en me disant que si je voulais que les douleurs cessent, il me fallait tout simplement ouvrir mon cul le plus rapidement possible afin recevoir courageusement sa grosse queue. C'était la première fois qu'il me parlait si froidement et avec un tel langage, lui toujours si tendre et amical.
Je pense que le fait d'avoir été surpris dans un moment où il s'accordait des petits plaisirs un peu sado-maso avec les pinces à linge, a ouvert une sorte de boîte de Pandore dans le monde de ses fantasmes. Cette découverte le portait à vouloir jouer dur avec son «gentil» compagnon, surtout qu'il lui devait une bonne punition à ce petit malin qui s'amusait à fouiner aux fenêtres pour « écornifler ».
Enfin, quand je me suis senti prêt, je me suis décidé moi-même à descendre sur sa queue et à la bouffer dans mon trou. J'ai entendu une plainte de satisfaction. Quand elle fut bien au fond et que mes fesses endolories vinrent buter contre son pubis, il m'a pris par la taille pour me faire remonter et descendre lentement sur sa queue. « Il faut aller lentement mon petit, me dit-il, parce que je veux bien voir ma queue repousser la lèvre de ton trou. Je veux le voir s'ouvrir pour me recevoir au milieu de tes petites fesses toutes rouges. » Dans le miroir où je l'avais vu se contempler plus tôt tandis qu'il se masturbait et qui maintenant était face à moi, je le voyais parfois, quand il relevait la tête, admirer avec contentement, la figure tendue d'excitation, les yeux grand ouverts d'admiration, le geste de domination qu'il menait bon train. Il semblait si excité que je me demandais si j'avais vraiment connu le bon Jean-Marie ou si celui qui m'enculait n'était pas le vrai spécimen? La réponse à cette question me sera donnée quelques semaines plus tard.
Il me pilonna, comme ça, durant un bon dix minutes, se reposant parfois pour ne pas jouir trop vite. Il reprenait ensuite ses mouvements en poussant sur mes hanches. Le rythme s'accéléra. Sa respiration devint de plus en plus rapide et saccadée. Puis, soudain il fit fortement pression sur mes hanches et m'enfonça complètement jusqu'à la garde en poussant un long gémissement de plaisir suivi un « Ah! Ouiiiiiiiii! » J'ai senti son sperme envahir mon ventre et, au même moment, une giclée blanche a jailli de mon sexe pour aller rejoindre le liquide qu'il avait répandu lui-même sur le miroir durant sa toute récente masturbation.
Nous avons repris nos esprits. J'ai tombé dans ses bras. Peut-être avons-nous dormi? Quand il décida de se lever, il me dit que je venais de vivre la deuxième punition et qu'il en restait une troisième. « Il faut que je remarque mon territoire que ton indiscrétion a effacé. » Il m'a ordonné de le suivre à la douche et de me coucher par terre. Il s'est mis droit devant moi et un jet puissant de pisse est venu inonder mes cheveux, courir dans mon cou, dans mon dos, sur ma poitrine. Sur son ordre, j'ai ouvert la bouche pour recevoir la dernière partie, mais non la moindre, de ce qui restait dans sa vessie.
Alors, il m'a relevé. Puis, il m'a dit tendrement, première paroles tendres depuis mon entrée impromptue dans sa chambre, qu'il fallait que moi aussi je reprenne possession de lui en marquant mon territoire. Il a pris ma place sur le plancher de la douche. Il a reçu avec résignation l'urine que je semblais avoir conservée pour lui. En se relevant, il m'a pris dans ses bras, et il a ajouté tout souriant : « Au fond, ce qui est arrivé a été une bonne chose. Elle nous a permis de jouer au petit cochon! » Puis, il s'est mis à rire en ouvrant les robinets pour qu'on puisse prendre ensemble une bonne douche et retourner dans le monde sans que notre odeur n'intrigue personne.
Après ce merveilleux moment qui fut suivi de quelques autres, l'automne et la rentrée me rappelèrent à la ville. J'avais le cur déchiré. Au collège, personne ne se doutait qu'au-delà de la fin des vacances, je vivais un douloureux éloignement. Ma mère sentait ma détresse, bien qu'elle ne m'en parlât pas. Elle se contentait de me dire que, peut-être, je devrais planifier un week-end avec mon nouvel ami Jean-Marie. Elle disait toujours «nouvel ami» comme si cette relation était «condamnée» à toujours rester nouvelle.
Comme il arrivait que la mère de Jean-Marie vînt parfois à Montréal pour aider sa fille ou ses belles-filles, je profitais de l'occasion pour passer tout le week-end avec lui. C'était merveilleux parce qu'on pouvait dormir ensemble dans le même lit, à la chaleur. Fini le froid de la tente! Et on pouvait aussi passer tout le samedi et le dimanche ensemble sans éveiller de doutes...enfin en donnant à nos rencontres une certaine normalité laquelle, tout en laissant peu de place pour le doute chez les êtres avisés et intelligents, pouvait servir d'alibi pour le plus grand nombre. Aux yeux de plusieurs, les «Bien-pensant» de Baie des Pins, il était devenu pour moi une sorte de grand-frère dont je n'arrivais plus à me passer. Ainsi la morale sociale semblait sauvegardée.
C'est lors d'un week-end semblable, au début d'octobre, qu'il me confia pourquoi il avait réagi si «férocement» quand il m'avait découvert en train de jouer au voyeur en août dernier. En même temps, j'allais apprendre ce qui s'était déjà passé entre son frère Jean-Luc et lui quelques années auparavant. Il en avait déjà fait légèrement allusion lors de nos rencontres d'été. Mais la confidence s'était vite arrêtée.
Un jour, me raconta-t-il, il lui était arrivé de se retrouver, lui aussi, voyeur malgré lui. Il avait surpris son frère Jean-Luc en train de se donner du plaisir. Furieux d'avoir été surpris, son frère l'avait traîné par les cheveux dans la chambre. Il l'avait forcé à le sucer et à lui lécher le cul. Il avait aussi tenté de le sodomiser, mais devant ses cris d'épouvante, son frère avait abandonné cet ultime «projet».
Quand je lui ai donné l'occasion, telle l'été dernier, de se retrouver dans le rôle inverse, c'est-à-dire de celui qui est vu, il a vite compris qu'il pouvait prendre sa revanche sur la vie en épousant presqu'instinctivement le rôle de son frère. Il a joué au dominant en m'ordonnant d'obéir à ses ordres sexuels. Au plus profond de lui-même, il avait cru subitement que la vie lui donnait l'occasion de réparer un peu son image blessée de lui-même, celle laissée sans rémission depuis son aventure avec son frère.
Mais, tout de suite après sa jouissance, il a pris conscience qu'il était peut-être allé trop loin et qu'il risquait de m'avoir perdu. C'est alors que lui vint l'idée de reformuler notre engagement en reprenant la séance de marquage. À défaut des sapinages, on se contenterait du plancher de la douche. Mais il lui paraissait essentiel de nous refaire une virginité en dehors de cet épisode de vie, accidentellement relié avec une expérience douloureuse vécue autrefois avec son frère. Il me confia aussi que notre rencontre au bord du lac, par un petit dimanche matin pluvieux, avait constitué pour lui une véritable rédemption. Je lui avais permis, en quelque sorte, de se réconcilier avec sa sexualité.
Que la vie trouve donc d'étranges façons de nous redonner confiance après une triste aventure ou une grande déception! Si j'avais été son sauveur ce dimanche là, il avait aussi été le mien. Il m'avait sorti de la torpeur de mes amours défuntes avec Michel et redonné confiance en l'avenir et en moi-même. Notre rencontre était presque une grâce pour chacun de nous, un don du Ciel pour nous rendre disponibles à autre chose, à d'autres amours.
En prenant conscience de cela aujourd'hui, après toutes ces années, je me rends compte que je me doutais déjà très bien, au moment où ces confidences ont éclairé nos vies, qu'elles allaient ensuite les séparer. En jetant de la lumière sur le sens de notre rencontre, la Vie allait plonger l'un ou l'autre d'entre nous, ou les deux, dans une nouvelle noirceur. Car seule l'innocence dure. La lumière de la vérité détruit ce qu'elle a inondé de sa clarté. Il semble que ce soit moi qu'Elle ait choisi pour le sacrifice. L'hiver nous éloigna. Nos rencontres s'espacèrent, puis devinrent impossibles. Sa mère ne quittait presque plus la maison durant l'hiver. À Noël, j'avais rêvé d'un moment magique. Il fut d'une tristesse infinie. Ma mère fit de grands efforts pour me faire plaisir. Elle invita tous mes copains de collège à dîner. On alla déjeuner dans un bon resto. Je restais, non pas inconsolable, car si on est inconsolable c'est parce que les autres sont au courant des raisons de notre chagrin. J'étais plutôt éteint, sans joie, comme je devais l'être souvent ensuite durant ma vie, ne manifestant ni enthousiasme ni ennui aucun. Tout était plat, terne, sans vie. Au Jour de l'An, il m'a téléphoné. Le ton était gentil mais pas aussi chaleureux et enthousiaste que je l'aurais souhaité. Mais surtout, il n'y avait pas d'invitation.
J'attendrais donc mon anniversaire qui arrive avec le printemps. J'avais un petit regain de vie et un rayon d'espoir. J'allais enfin pouvoir reprendre mes visites chez lui.
Le printemps vint. À mon anniversaire, j'ai reçu une première lettre me disant combien j'avais été important pour lui, combien grande était notre amitié, que j'étais toujours présent dans son cur et qu'il me souhaitait beaucoup de bonheur. Je comprenais, par le temps de ses verbes, que tout revêtait l'aspect implacable du passé et se couvrait de la douceur d'une nostalgie certaine. J'ai pleuré des nuits entières. Juste à me remémorer mon chagrin d'alors, des larmes montent encore à mes yeux aujourd'hui.
Puis, vers la fin mai, j'ai reçu une deuxième lettre; celle-là m'annonçant ses fiançailles avec une certaine Diane. Il venait d'entrer comme boursier à l'école des pompiers et les parents de Diane, très à l'aise financièrement, allaient leur fournir le nécessaire jusqu'à la fin de sa formation.
Ce fut une catastrophe! Je suis entré dans une période de dépression et je suis tombé malade.
Cet été là, je n'ai pas voulu mettre les pieds à Baie des Pins. Ma mère n'y alla pas non plu. La famille resta à la ville; sauf ma sur qui s'y rendait parfois un week-end sur trois. Ma mère me supporta dans mon chagrin sans jamais me poser une seule question.
J'ignorais alors que d'autres étés, et même à Baie des Pins, allaient m'apporter d'autres joies. Mais je n'oublierai jamais mon beau Jean-Marie. Et je conserve toujours son maillot bleu marine que je lui avais demandé de m'offrir pour Noël. Hélas! Les odeurs merveilleuses qu'il contenait ont fini par s'évaporer malgré tous mes efforts pour les protéger de l'air et du temps.
Il suffit cependant que j'ouvre le petit sac qui le contient et que j'y plonge délicatement le nez, pour que ma mémoire me prenne de nouveau «par le nez», si je puis dire. Elle me conduit alors, avec patience et tendresse, vers le petit chemin du boisé qui donnait accès à la plage et où tout avait commencé. Doucement alors, le souvenir réactive les circuits endormis de mon cerveau et, à chaque fois, je retrouve d'impérissables effluves qui ne mourront qu'avec moi.
À suivre...La gloire du timide Alexandre