Souvenirs de Baie des Pins 10
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Derniers regards, derniers soupirs
Le samedi matin suivant, il faisait un temps de chien. Il pleuvait des cordes. J'étais anxieux de savoir si les Goyette iraient faire leur shopping hebdomadaire. À 13 heures, je vis leur voiture emprunter l'entrée mitoyenne. Mais il m'a fallu attendre encore un bon quart d'heure avant que Roger n'apparaisse dans la chambre. Finalement, il s'approcha de la fenêtre pour vérifier ma présence de l'autre côté du passage comme les acteurs débutants repoussent légèrement l'arlequin pour vérifier si la salle est comble et si le public a l'air sympathique.
Alors que je m'attendais à son signe impérial et à un sourire, il m'indiqua de venir le rejoindre à l'intérieur en passant par l'arrière pour ne pas être vu des voisins. Le cur me débattait. Lorsqu'il ouvrit la porte, je fus saisi davantage par sa très grande beauté. Je l'avais toujours vu sur les transats ou derrière la fenêtre. Le voir de si proche, c'était encore plus saisissant. Il était plus grand que je ne l'avais cru et sa peau glabre semblait avoir la texture de la soie. Ses yeux marrons, terriblement séduisants, avaient quelque chose de très sexés surtout parce qu'il souffrait d'un léger strabisme. On avait l'impression qu'il vous regardait partout en même temps et vous déshabillait du regard. Ses pieds larges et longs avaient une forme parfaite. La courbure des orteils traçait une belle ligne. Il était parfaitement musclé, non pas gonflé par l'usage excessif des altères, mais découpé par l'effort d'un travail physique exigeant et soutenu. Il était peut-être parasite chez les Goyette, mais il avait dû trimer très fort auparavant.
Il me fit entrer et me conduisit dans sa chambre. Il m'indiqua une chaise berçante qu'il avait sans doute déplacée pour qu'elle soit tout à fait face au lit. Il était silencieux et un peu mal à l'aise. C'est une chose de se donner en spectacle derrière une fenêtre ou sur une scène; c'en est une autre que de donner ce spectacle dans sa chambre avec un seul spectateur assis à deux mètres de soi. Il se donna une contenance en disant : « Je ne suis pas homo, tu sais. Mais ça m'excite d'être vu surtout par des gars quand je sais que ça les branche. J'adorais me montrer dans la fenêtre et te voir dans la tienne, mais le temps est si mauvais que j'ai pensé que le spectacle devait avoir lieu à l'intérieur » ajouta-t-il en souriant timidement. Et tout de suite, sans me laisser le temps de répondre, il s'assied sur le bord du lit, exactement face à moi, et plaça ses mains sur son sexe à-travers son maillot orange et entreprit de se caresser. Je voyais beaucoup mieux. C'était comme voir un film au cinéma plutôt qu'à la télé. Je voyais la forme de son pénis emplir son maillot puis le déborder et le gland jaillir de la bordure de la taille.
Il avait une queue très foncée et il était circoncis. Elle devait bien faire 18 cm. C'était magnifique! Quand elle fut presque totalement sortie du maillot, il enleva ce dernier, écarta bien les jambes et me laissa contempler son chef-d'uvre dans toute sa gloire.
J'en bavais! Il me fit signe que mon short allait bientôt déchirer si je ne faisais pas quelque chose. Je me sentais incapable de faire un strip-tease comme le sien. J'étais trop gêné et je n'avais pas non plus assez confiance en moi, en ma propre capacité de plaire. J'ai donc enlevé simplement mon short. J'ai écarté les jambes et je lui ai offert une vue aussi généreuse que celle qu'il me donnait. « Wow! c'est le `fun' de voir une belle pine bandée qui se dresse devant la tienne » dit-il pour emplir le vide. Il commença ensuite à se masturber en ajoutant : « On va prendre notre temps pour se crosser. Les Vieux ont beaucoup de courses à faire aujourd'hui; ils en ont au moins pour deux heures. Alors je vais te donner le show de ta vie ». J'ai pensé m'évanouir en entendant ces paroles. Je ne savais pas si je pourrais tenir longtemps avec un tel morceau sous les yeux.
Et il prenait son temps en effet en changeant souvent de façon de faire. Il se branlait avec la main gauche, puis la droite, puis les deux mains. Il le faisait à rebours avec le pouce et l'index formant un rond posé au bas du pénis et remontant comme à l'envers. Tantôt c'était avec la paume de la main ouverte avec quatre doigts tenant le côté de la hampe et le pouce allongé sur l'autre côté. Il crachait sur sa queue pour y mettre de la salive et la rendre très luisante. Il m'indiqua comment elle était belle sa belle queue brune foncée quand elle était toute luisante. Elle avait des reflets bleus, disait-il.
Il caressait aussi sa poche et ses couilles. Il la tirait vers le bas en attrapant ses couilles dans la paume et en serrant bien fort. Elles devenaient toutes grosses et rondes derrière son poing. Il mit ensuite ses pieds sur le bord du lit pour avoir accès d'abord au périnée et plus tard à son cul. Il écarta davantage les jambes pour rendre son «show» encore plus panoramique et provocant. Tout en se masturbant d'une main, de l'autre il glissait la pointe d'un doigt le long de la ligne un peu rouge et mauve qui va de l'arrière du scrotum à l'anus et qui est si sensible. Il faisait ce geste en me regardant attentivement me masturber et en tâchant de juger de la qualité de sa performance, à partir de son effet sur mon excitation.
Il se caressa enfin le cul en mouillant ses doigts à plusieurs reprises. J'étais envieux de connaître aussi l'odeur et la saveur de son cul qu'il devait nécessairement goûter sur ses doigts à chaque fois qu'il les mouillait. Il introduisit un doigt dans son cul et entreprit un mouvement de va-et-vient comme s'il se faisait pénétrer...étrange délice pour qui se définit comme hétéro? Au milieu de son plaisir, voyant que je salivais devant le «show», il sortit son doigt, s'avança directement sur moi et le plaqua contre mes narines en riant presque grossièrement. Malgré l'humiliation que son geste brutal contenait, j'ai failli juter tellement l'odeur était prenante, forte et super-mâle.
Un vestiaire entier de joueurs de basket dont le plancher est jonché de leurs sous-vêtements ne peut pas sentir aussi fort que son unique doigt ayant traversé les bords de son cul. Mais, vu sa très grande beauté et son extraordinaire virilité, cette puissante fragrance était malgré tout très excitante. Il n'eut pas été une «bête de sexe», cette odeur aurait peut-être été repoussante. Avec le temps, j'ai appris que la beauté annule presque toutes les références négatives du corps. Même la crasse mêlée de sueurs se métamorphose en un baume tonifiant si elle recouvre un beau corps. Au contraire, les plus fins parfums se corrompent sur des corps laids ou sans grâce particulière. Puis, il retourna sur le bord du lit et s'occupa de nouveau de son plaisir.
Tout à coup, il se laissa tomber sur le lit. Mais il se plaça de côté (il me montrait donc son profil) et lança ses jambes derrière sa tête. À ma grande surprise, il approcha lentement son pénis de sa bouche. Il a réussi d'abord à se lécher le gland en le parcourant avec sa langue. Mais, peu à peu, son dos s'est assoupli et il a réussi à engouffrer davantage de son pénis dans sa bouche. C'était ultra excitant! Il se masturbait tout en se suçant et j'entendais le bruit de succion de sa bouche sur sa queue. Je n'en pouvais plus et lui non plus d'ailleurs. Il émit un grand « Ahhhhhhhhh » et je vis un flot de sperme sortir brutalement de son méat et venir atterrir sur sa figure et dans sa bouche. Il tourna la tête vers moi au moment même où, à mon tour, les valves lâchaient prise et je jutais partout sur moi et autour de moi.
On resta quelques minutes à se regarder et à reprendre lentement notre souffle. Puis il se leva subitement et me dit qu'il vaudrait mieux que je parte parce qu'il devait tout nettoyer et tout remettre en place avant que ses beaux-parents et sa fiancée ne reviennent. J'ai tenté de l'approcher pour l'embrasser ou le serrer dans mes bras en guise de remerciement, mais il a reculé et il a ouvert grand la porte pour faciliter la sortie.
Heureusement, il ajouta encore une fois : « On reprend ça samedi prochain si les parents vont encore faire du shopping? » Je lui ai dit que je ne manquerais pas ça pour tout l'or du monde. J'exagérais un peu, mais cela parut lui plaire et satisfaire son «ego» de vedette porno improvisée mais exceptionnellement talentueuse.
Le samedi suivant, il faisait très beau. Je me demandais s'il n'allait pas revenir au simple théâtre de la fenêtre. Mais non! Quand ses beaux-parents et sa Sylvie eurent pris le chemin du centre commercial, il vint carrément à la fenêtre et me cria : « Amène-toi par ici, j'ai des choses' à te montrer! ». Quand je suis arrivé à la porte, au lieu de son éternel maillot orange, il portait un jockstrap' blanc qui laissait paraître quelques petites taches jaunes dans le tissu tressé qui contenait ses «bijoux». Comme il me précédait dans la chambre, j'ai été en mesure d'apprécier l'exceptionnelle beauté de ses fesses. Quel cul! Un Apollon callipyge! Je les avais déjà vues évidemment, mais le jock permettait de bien les découper, de les relever comme si elles eussent été dans un pantalon ou un jeans transparent. Elles étaient aussi désirables qu'enfermées dans un jeans mais elles se contemplaient encore mieux sans écran. Elles étaient plutôt oblongues, assez larges, avec un creux concave sur les côtés qui les faisait jaillir vers l'arrière et, en plus, elles étaient haut perchées c'est-à-dire accrochées haut sur les reins et bondissaient vers l'arrière presque à l'horizontal. Vraiment, un cul divin, en admettant que les dieux puissent avoir un cul, ce qui est peu probable. Sauf dans les histoires de la mythologie païenne!
Jamais je n'avais vu un pareil cul! De quoi gagner un concours! Elle était chanceuse la Sylvie d'avoir le droit d'y plonger ses doigts munis de ses grands ongles peints qui me paraissaient une injure sur un chef-d'uvre comme une tache d'huile sur une tapisserie précieuse.
Comme la semaine précédente, on a repris les mêmes jeux de voyeur-exhibitionniste : manipulations de queue, de poche, de couilles, de trou de cul, tout ça avec les jambes bien écartées. Je m'attendais qu'il me fasse sentir son cul sur ses doigts comme la semaine précédente, mais il offrit quelque chose de mieux à quoi je ne m'attendais pas.
Les jambes en l'air presque par dessus la tête, me montrant ostensiblement son trou de cul, il me dit tout à coup : « Si tu penses que ça va te plaire, tu peux toujours venir le lécher mon cul. J'ai pensé à ça cette semaine et je me suis dit que ce serait cochon de voir un homo me lécher le cul ». Bien sûr, même si la demande était un peu humiliante et absolument pas `politiquement correcte', j'ai quitté ma chaise berçante de bon cur pour me précipiter sur le cadeau qu'il m'offrait. J'avais senti et lécher son maillot orange pendant qu'il se masturbait, mais les vraies saveurs «d'orange» étaient plutôt sur son trou jaune-brun entouré d'une ligne mauve. Aussi étais-je en mesure de constater que la moustiquaire ne m'avait pas trompé; les couleurs perçues depuis la fenêtre étaient les vraies couleurs.
Je serais resté là toute ma vie, je crois. Aucun des mâles que j'avais connu jusqu'à présent, même s'ils avaient nourri mes fantasmes, n'était objectivement aussi parfait que ce Roger. C'était un mâle de revue porno qui ferait l'unanimité et réveillerait le désir de chacun en même temps que l'envie. Ce que son cul goûtait était aussi sublime que sa beauté. Même sa saleté arrivait à être sensuelle. Je m'aperçus de cela non pas sur son cul qui était propre et correctement lavé, bien qu'il dégageait une odeur solide, musquée et haute en teneur de testostérone, mais en regardant ses ongles pas propres du tout.
Il eut l'air de très apprécier ce que je lui faisais car il ajouta après de longues minutes de léchage : « Continue de me le lécher pendant que je me suce. Je veux jouir dans ma bouche avec ta langue dans mon cul. » Hé!hé! Pas mal pour un pur hétéro! J'étais comblé. J'étais sûr que la semaine suivante, on irait plus loin...
Il avait, depuis quelques minutes, enlevé son suspensoir après de longs moments à s'en servir pour m'exciter davantage. Il avait glissé sa bite sous les lanières, ce qui bloquait un peu la circulation du sang et augmentait le volume de sa queue. Cela la rendait aussi plus lisse et plus luisante. Il s'amusait de ma «super» excitation. Voyant ma bouche ouverte, entendant mon souffle court par la tension sexuelle qui montait, il souriait de contentement et de fierté. Cela inspirait aussi ses gestes. Les miens aussi sans doute. Quand je l'ai vu se sucer ardemment pendant que je lui léchais le cul, je savais qu'il ne tiendrait pas longtemps. Sa poche était très serrée et les couilles remontaient vers le ventre en se durcissant. On se regardait fixement droit dans les yeux quand ses joues devinrent tout à coup rouges et ses paupières épaisses. Il ouvrit largement la bouche. Presque une bonne dizaine de jets de foutre épais et filandreux s'y engouffrèrent. Il fit claquer sa langue sur son palais pour bien se goûter et ne rien perdre de sa liqueur.
Mais voyant que j'étais aussi au bord de jouir, il cria : « Attend! Pas tout de suite! Retiens-toi! ».
Il se releva, me prit par la main et m'entraîna dans la salle de bain. Il me fit coucher dans le fond de la baignoire, se plaça debout devant moi et me dit : « J'ai toujours rêvé de voir un pédé se crosser et jouir pendant que je lui pissais dessus. Je t'ai fait plaisir, c'est à ton tour maintenant de me faire plaisir ». Bien qu'humilié, j'ai ouvert la bouche et j'ai repris, sans me faire prier davantage, ma branlette interrompue deux minutes plus tôt.
Un flot de pisse âcre mais pas du tout acide ou répugnante vint éclabousser ma figure d'abord, puis envahit ma bouche et ma gorge d'une chaleur bienfaisante et presque tendre.
Il était ravi de mon obéissance. Quand il eut terminé de pisser et qu'il eut secoué sa bite sur mes cheveux, il fut comme submergé par une poussée de compassion et de «miséricorde». Il se pencha vers moi affectueusement, amoureusement même, et vint poser un tendre baiser sur ma bouche. En se relevant, il m'avoua : « Tu sais, je me demande si je ne commence pas à t'apprécier plus que ma Sylvie! » Son sourire était radieux et sincère. « Toi, au moins, tu ne me juges pas et tu joues avec moi de bon cur. La semaine prochaine, si les Vieux vont encore faire du shopping, on fera ça dans leur chambre. Il y a un grand miroir derrière la porte. Je veux t'enculer et je veux qu'on voit ça ensemble. Je veux que tu vois ma queue entrer et sortir de ton cul, ma belle Alexandrine! », dit-il en riant. La féminisation de mon nom me blessa. Il s'en aperçut et s'excusa en me donnant un autre baiser en ajoutant : « Tu sais, ce sont mes premières avec un gars...faut me donner un peu de temps ». Il était déjà tout pardonné et je rêvais du week-end prochain.
Mais il n'y eut pas de week-end prochain. Il n'y en eut jamais d'autres. Après le retour des «Vieux», comme il disait, j'entendis des voix qui discutaient fort et des cris. La mère de Sylvie avait fermé toutes les fenêtres pour que les voisins n'entendissent pas. Mais je comprenais que ça bardait dans la maison. Deux heures plus tard, je vis la vieille voiture de Roger démarrer en faisant crier les pneus. J'avais le cur brisé.
Je n'ai pas dormi de la nuit. Le lendemain, voyant la Sylvie étendue seule sur son transat, je fis semblant d'arranger les plates-bandes. Tout en lui souriant, je me suis approché d'elle « innocemment » et je lui ai dit : « Votre ami n'est pas avec vous aujourd'hui? » Elle a blêmi, m'a regardé fixement et, les lèvres pincées, elle a marmonné : « Non! D'ailleurs vous ne le verrez plus ici. Je me suis trompé sur son compte. Il était bien beau, mais c'était un profiteur! »
J'ai ajouté quelques phrases par politesse. Mais je me sentais incapable bien sûr de lui demander où je pourrais le rejoindre puisque j'étais sensé ne pas le connaître et ne lui avoir jamais parlé. Je suis rentré dans la maison. J'ai retrouvé mon lit simple d'ado où j'avais tant rêvé de sexe et d'amour et dans lequel j'avais noyé aussi tant de chagrins. Encore une fois, j'ai laissé mon cur noyer sa peine dans une mer de larmes.
De retour à Montréal le lendemain, j'ai téléphoné à mon père pour lui dire que je n'avais plus l'intention de retourner à Baie des Pins. Il parut soulagé par mon appel. Depuis longtemps, il souhaitait vendre. Mais il n'osait pas, pour ne pas me faire de la peine. Il savait combien cette maison d'été m'était chère. Il se sentait donc libéré de ce fardeau qui financièrement pesait de plus en plus lourd et qui ne semblait plus être utile à personne. On gardait un peu cette maison par nostalgie. Il me remercia de ma compréhension et je l'ai remercié de sa patience. Trois mois plus tard, la maison était vendue.
Aujourd'hui, il ne reste plus rien de tout ce qu'a été Baie des Pins. Quand il me prend la fantaisie d'y retourner, j'ai du mal à reconnaître le lieu même où était notre chalet. Il a été démoli et on a construit à sa place, mais plus vers le centre du terrain, un autre exemplaire de ces horribles pavillons de banlieue. Je ne pourrais même plus retrouver l'emplacement du chalet si ce n'était de la maison des Goyette qui, étrangement, est restée à sa place. Mais elle est complètement abandonnée, défoncée, sans doute squattée et à demi en ruine. Elle est, de toutes façons, actuellement inhabitable. Je ne sais pas non plus qui en est devenu le propriétaire.
Voir ainsi cette demeure qui jadis était très originale, avec une sorte de tour en bois où était la chambre des parents de Sylvie, dans un état de complète décrépitude, soulève dans ma mémoire d'infinies tristesses. Il est curieux en effet que le seul bâtiment encore existant de ma jeunesse à Baie des Pins soit précisément celui-là même où fut interrompue abruptement ce qui s'avérait devoir devenir une belle et excitante relation.
Tout ce que j'avais vécu dans notre maison d'été, ou à cause d'elle, et qui avait trouvé une fin explicable, dans la joie ou dans la tristesse, tels mes «amours» pour Michel (enrôlé dans l'armée), Jean-Marie (marié), André ( parti travailler dans le Grand Nord), Robert (marié) et François (dans l'armée), tout cela avait complètement disparu du paysage de Baie des Pins. Maisons, petits sentiers, petits boisés, terrains de badminton...tout avait disparu.
Seule, la maison où tout avait été laissé en suspend un samedi soir d'août, avait résisté au temps et aux démolisseurs comme si une force mystérieuse ne permettait pas que disparaisse complètement ce qui devait rester inachevé. On croirait que le fantôme de Roger est revenu habiter cette maison. Et, chaque samedi midi, une oreille avertie comme la mienne pourrait toujours entendre tirer des rideaux et des fenêtres s'ouvrir, pour permettre une ultime fois, à l'ombre qu'elle abrite, de pouvoir se montrer.
Mais, s'il ne me reste plus que des souvenirs de Baie des Pins, dont j'ai tenté de vous faire partager quelques uns, Michel, Jean-Marie, André, Robert, François et finalement Roger auront été les piliers de mes amours et de mes désirs. Sans le don généreux de leur personne, corps et cur, sans l'audace de la révélation de leurs désirs profonds et secrets, je n'aurais pas pu me construire une si belle mémoire.
Peut-être aussi n'aurais-je pas connu tous les autres, ceux des autres nouvelles tels: Stéphane de Niagara Falls, ou Steve de Joyeux vendredis, ou Jean de Soleil et pluie, ou les autres de Roma-Termini ou de La Havane et combien d'autres encore dont je ne vous ai pas parlé.
C'est à Baie des Pins que la psyché de ma libido s'est construite. C'est là que mes désirs et mes fantasmes se sont précisés. S'il ne reste plus rien des lieux, et peut-être même des personnes qui m'ont aidé à les parcourir, ces lieux et ces personnes sont toujours présents dans ma mémoire et ne demandent qu'à revivre. Chaque fois que tombe la pluie, que brille ardemment le soleil, que le vent transporte l'odeur d'une pinède, que je vois un homme en maillot bleu marine ou orange, que je feuillette une revue de voitures, maintenant anciennes, où brille une MG, quand je vois passer un train ou, le samedi midi, quand je vois les voitures stationnées au parking d'un centre commercial que fréquentent peut-être encore Sylvie et ses parents, pendant que je rêve toujours et encore à tout ce que j'aurais pu faire avec le beau Roger, pendant que les êtres que j'ai désirés et aimés vaquent à d'infinies occupations auxquelles je ne prendrai plus jamais part, je reste seul, les soirs d'été, dans mon petit jardin chinois, à respirer d'insaisissables et mystérieuses odeurs de gazon fraîchement coupé.
FIN
Alexandre
Note : Cette nouvelle a été écrite avec mon cur autant qu'avec ma tête. Elle est la conclusion de plusieurs autres nouvelles dont certaines ont déjà été publiées sur Nifty telles Les Mystères du Nil, Bangkok Blues et Bons baisers d'Alabama. Mais il y en a d'autres que j'ai envie de vous faire partager si vous avez envie de les lire. J'attends donc vos commentaires avant d'en publier d'autres...