La Muse Chapter 7
LA MUSE
Chapitre 7
Par David Inutookaminoma
Bien entendu, Fabricio avait répondu favorablement à l’invitation de Meike. Il avait apporté avec lui ses abdos parfaits, sa taille mince, sa poitrine légèrement velue et son accent espagnol. Assis sur le bord de la piscine avec Meike, il jouait de ses charmes sur le mannequin. De tout évidence, la réciproque était vraie.
Soan tentait de rester concentré sur les commandes à enregistrer, en vain. Il ne pouvait ignorer que Meike et Fabricio se bécotaient avec ardeur dès qu’ils en avaient l’occasion. Ses incisives frottaient furieusement l’intérieur de ses lèvres. Il abandonna.
Équipé de son appareil photo, il rejoignit les deux garçons près du bassin. Son regard croisa celui de Meike qui fronça le sourcil. Soan lut de la surprise dans l’iris de son invité. Pourquoi donc était-il surpris à ce point ? Peut-être que la pression que Soan ressentait dans sa poitrine défigurait la douceur habituelle de son regard.
“Soan, ça va ?” demanda Meike.
Soan sembla sursauter.
“Oui ! Les gars, on va commencer !”
“Okay ! Dis-nous ce que tu attends de nous !”
“Entrez dans l’eau et comportez-vous comme deux jeunes hommes attirés l’un par l’autre. Par des gestes subtiles…”
Entré dans l’eau le premier, Fabricio enferma Meike avec ses bras quand il descendit dans le bassin. Clic ! Il regarda le jeune Allemand avec un regard de feu. Clic !
Soan regarda Fabricio s’enfoncer dans l’eau. Meike sourit et lui dit :
“Il retire mon short !”
Quand Fabricio réapparut, il brandit le sous-vêtement de Meike comme un trophée. Les rires des deux jeunes gens finirent dans la mémoire informatique de Soan. Puis Fabricio dit quelques mots à l’oreille de Meike qui lui tourna le dos. Clic ! Il mordit son épaule. Clic !
Puis Soan s’agaça :
“Les gars ! J’ai compris que vous aviez envie de vous envoyer en l’air. Mais ce qu’on veut, c’est de l’érotique.”
“Et ça ne l’est pas ?” demanda Meike, étonné.
“Il faut qu’on voit vos corps entiers. Alors, sortez de là, douchez-vous à l’eau froide et je vous retrouve dans une dizaine de minutes sur le matelas !”
La pression dans la poitrine de Soan avait augmenté à mesure que Fabricio s’était montré entreprenant avec Meike : son sourire, ses dents blanches, ses caresses, ses chuchotements plein de douceur.
Soan se sentait comme un lion en cage, commença à tourner en rond dans le grand salon, au frais de la villa. Son derrière s’affaissa sur le canapé. Soan soupira, le sourcil froncé, l’oeil noir.
A pas de loup, Meike entra dans le salon, enveloppé dans une serviette. Il considéra son ami.
“Soan, je vois bien que ça ne va pas. Que se passe-t-il ?”
“Rien… Ce n’est rien. Je suis désolé de m’être énervé.”
“Réponds-moi franchement : tu as vraiment envie de les faire, ces photos avec Fabricio ?”
“Non.”
“Okay alors on annule.”
“Je suis désolé…”
“Non, ne le sois pas ! Ce n’est pas un problème. Je t’assure que tout va bien.”
Meike observa Soan un court instant sans dire un mot.
“J’ai l’impression qu’il y a autre chose.”
Soan se leva d’un trait, retenant en lui la vérité qui brûlait sa gorge au troisième degré.
“Je vais vous laisser tous les deux. J’ai besoin d’air.”
Meike essaya de retenir Soan mais ce dernier repoussa sa main avec une certaine agressivité.
“Soan, ne sois pas fâché, s’il te plait !”
“Je ne le suis pas.”
Soan disparut à l’étage. Meike baissa les yeux, rembobinant ses souvenirs jusqu’à la veille, après sa masturbation sous les yeux de Soan.
Il l’avait rejoint dans la piscine après un passage sous la douche. Ils avaient discuté de ce qui venait de se passer : Meike avait souhaité recueillir les impressions de Soan après l’avoir photographié en pleine masturbation. Soan s’était prêté de bonne grâce à la conversation. Meike avait alors tenté un baiser. Soan l’avait repoussé.
“Pour qui tu me prends, putain ?”, avait-il lancé avant de sortir de la piscine.
“Désolé”, avait répété Meike.
Le jeune mannequin vit Soan descendre de l’étage, le smartphone à l’oreille. Il prévint Meike :
“Je bouge ! Je te laisse la villa pour la soirée.”
“Soan ! Non !”
Mais Soan ne recula pas. Meike le suivit au sous-sol et écouta sa conversation :
“Salut Charlie ! Dis-moi, tu es occupé ? Genre : très occupé ?... On peut se voir ?... Okay, je te chope d’ici un quart d’heure.”
La porte de la Yaris claqua, la porte du garage s’ouvrit. La voiture disparut en quelques secondes.
Meike resta planté là pendant quelques secondes. Quand la porte automatisée du garage se ferma, il rebroussa chemin.
Il ne fallut qu’une dizaine de minutes à Soan pour arriver chez Charlie. Il reprit son souffle et sonna. Charlie, craquant dans sa blondeur, avait prévenu Soan qu’il ne disposait que de peu de temps. C’était sans doute la raison pour laquelle il ne portait qu’un shorty furieusement bombé.
Charlie attrapa Soan par le cou et l’attira sans ménagement à l’intérieur, avant de claquer la porte. Leurs bouches s’enlacèrent pour un baiser fougueux au terme duquel Soan poussa Charlie sur son lit et, sous les yeux affamés de ce dernier, se défit de ses frusques en moins de temps qu’il fallait pour le dire. Charlie ouvrit délicatement l’étui d’un préservatif qu’il déroula sans hâte le long du pénis de Soan.
Celui-ci le retourna sur le ventre, s’empara du lubrifiant sur la table de chevet, tartina l’anus de son partenaire avec application et détermination. Il saisit ensuite la croupe de Charlie et entra brutalement dans son trou. Charlie beugla fort, l’appelant aussitôt à se lâcher.
Lorsque Soan rentra à la villa, il découvrit Meike étendu sur une chaise longue face à l’océan qui saignait. Il s’était attendu à le trouver en compagnie de Fabricio mais il était seul, pensif. Néanmoins, il l’accueillit par un sourire.
“As-tu envie de boire quelque chose de frais ?” demanda Soan.
“Une citronnade avec plaisir. Merci.”
Meike se leva, couvrit ses épaules d’un tee-shirt avant de se lancer dans les pas de Soan qu’il rejoignit dans la cuisine.
“Fabricio est parti ?” demanda Soan en versant de la citronnade dans un grand verre qu’il poussa vers Meike.
“Je lui ai demandé de partir après ton départ.”
La déclaration saisit Soan alors qu’il se servait lui-même de cette même boisson fraîche. Il posa le pichet et regarda Meike dans les yeux.
“J’ai gâché ton après-midi”, reconnut-il, “je suis désolé.”
“Non, j’aurais dû arranger cette rencontre ailleurs qu’en ta présence. Je t’ai mis trop de pression.”
Ils se turent. Soan finit de remplir son verre en silence.
“Tu as vu Charlie ?”
“Oui.”
“Vous vous êtes bien amusés ?”
“Bon sang oui ! Il avait rendez-vous ailleurs mais il a finalement annulé pour rester avec moi. Je lui ai fait des misères.”
Meike sourit, prit son verre et tourna les talons.
“Tu me dragues depuis le premier jour”, dit Soan.
Retenu par ces mots, Meike revint sur ses pas. Il prit place juste en face de son hôte.
“Je n’ai pas eu beaucoup de succès”, admit-il.
“Crois-tu vraiment que j’y étais insensible ?”
“Non, je suis certain que tu ne l’étais pas.”
“Tu as raison : je n’étais pas insensible du tout à tes petits mots, tes petites provocations. Je t’ai regardé sous toutes les coutures : dans un costume en cravate, sans chemise ou avec, en jockstrap, à poil. Je t’ai regardé te masturber. À chaque instant, je devais prendre sur moi et rester professionnel.”
“Pourtant, tu as sans cesse repoussé mes avances. Y compris hier soir.”
Soan but une bonne gorgée de citronnade.
“Parce ce que j’ai peur de ce que tu incarnes.”
“Et qu’est-ce que j’incarne à tes yeux ?”
“Tous les sentiments que je ne veux plus connaître.”
La voix de Soan se serra. Ses yeux s’humidifièrent légèrement. Il baissa le menton quand Meike perça son regard.
“Pourquoi tu ne veux plus les connaître ?”
“Parce qu’ils font trop mal.”
“Ce que je vois en ce moment, c’est un mec qui souffre à l’inverse de ne pas libérer ses sentiments.”
Soan releva les yeux, les frotta furtivement avec ses paumes. Il entra dans les iris de Meike comme il aurait placé ses mains au-dessus d’une bonne braise si elles avaient été gelées. Il réalisa que, du bout des doigts, Meike venait au contact de ses mains. Il les ouvrit. Les paumes de Meike glissèrent au cœur des siennes.
“Je suis en train de tomber amoureux”, dit le mannequin d’une voix douce. “C’est pour cette raison que je ne me suis pas laissé aller avec Fabricio. Il aurait pu me baiser le premier soir. Aujourd’hui, il aurait pu me baiser plusieurs fois. Je n’ai pas voulu.”
“Je ne suis pas digne d’un tel sacrifice”, sourit Soan.
“Parce que tu as baisé Charlie ? Honnêtement, je t’en ai fait voir de toutes les couleurs. Il fallait bien que tu te défoules !”
Ils échangèrent quelques sourires puis Meike se leva. Il contourna la table haute, s’approchant lentement mais résolument de Soan. Sa main douce glissa dans le cou de celui-ci. Saisissant son regard avec la même détermination que les serres d’un rapace capturant sa proie, Meike fit flotter ses lèvres à quelques millimètres de celles de Soan.
L’un pouvait sentir l’haleine tiède de l’autre. Une esquisse de sourire frémit sur les lèvres de Meike. Le temps se figea. Le silence devint absolu. Leurs iris s’enroulèrent les uns avec les autres, se pelotonnant dans la paille tels des amoureux pressés.
“Puis-je vous embrasser, Mr Hō ?”
La bouche de Soan s’entrouvrit, ses lèvres semblèrent vouloir dévorer celles de Meike mais ce dernier recula de quelques millimètres. Les doigts de Soan s’immiscèrent sous le tee-shirt de Meike, touchant délicatement son abdomen. Alors, la bouche de Meike s’ouvrit enfin. Sa langue vint au contact de celle de Soan. Elles s’enroulèrent entre elles avec tendresse. Leurs salives se mélangeaient, donnant à ce baiser une intensité toute spéciale. Quand ils se décollèrent l’un de l’autre, un filet de salive les relia encore pendant quelques secondes avant de se rompre lorsque Meike recula d’un pas, interrogeant silencieusement le visage de Soan.
Le jeune photographe se leva :
“J’ai besoin d’une bonne douche !”
Il passa devant Meike sans un regard. Le jeune Allemand baissa les yeux, déçu. Mais à cette seconde, une main de Soan saisit la sienne. Il emporta son bras contre sa poitrine :
“J’ai besoin de toi…”
De caresses sous la douche en fellation que Meike entama sur la terrasse quand ils se séchèrent, de baisers torrides en enlacements de leurs corps, les deux hommes se retrouvèrent dans le lit de Soan. Ce dernier employa sa bouche à toutes sortes de cajoleries sur le corps de Meike, pour le dévorer entièrement depuis les lobes des oreilles à l’intérieur de ses cuisses en passant par les aisselles. Elle se déchaîna un long moment sur le pénis du jeune mannequin, ses testicules, son anus…
Quand Soan s’étendit sur Meike, les jambes de ce dernier se courbèrent le long des flancs de son ami qui le pénétra d’un trait. Meike exhala violemment, verrouillant ses bras autour des épaules de Soan.
Brutalisant le lit, les deux hommes s’entrechoquaient et s’encourageaient l’un l’autre. Soan flanquait de rudes coups de rein à son compagnon qui resserrait sur lui son étreinte avec puissance. Ils haletaient, bougeaient beaucoup, s’embrassaient, se regardaient longuement.
Soudain, Meike sentit que le corps de Soan se tendit de toutes parts. Son regard devenait plus féroce tandis que ses coups de rein s’ensauvageaient. Il soupira à ses oreilles :
“Vas-y ! Viens !”
Soan chopa ses poignets et les bloqua contre le lit, brutalisant son ventre pour son plus grand bonheur. Le corps de Meike se tendit à son tour.
Le jeune Allemand grogna de plaisir, giclant abondamment sur son propre abdomen, juste avant que Soan n’ouvrît la bouche, ne se figeât tout au fond de lui où il se vida. Son gémissement long dessina un sourire sur les lèvres de Meike. Elles furent dévorées par la bouche de Soan qui reprit aussitôt ses mouvements de rein, tendres. Les mains de Meike claquèrent sur ses fesses. Une sorte de frénésie emporta à nouveau Soan. Meike miaulait, jappait et, ivre de bien-être, sentait que son ami allait à nouveau se lâcher. Surpris l’un comme l’autre, Soan en effet, éjacula une deuxième fois, très furtivement interrogatif au sujet de cette seconde salve dans le même préservatif, se demandant si le caoutchouc pouvait craquer.
Les deux amoureux se mirent à rire. Soan se retira, s’installa à califourchon sur le bassin de Meike avant d’ôter le préservatif qu’il portait. Son sperme coula en lourds filets sur le ventre de Soan. Il balança le préservatif sur le sol et commença à masser l’abdomen de son ami au regard amoureux. Il balaya le torse couvert de leurs spermes de sa langue gourmande qu’il offrit à Meike pour un baiser langoureux. Puis Meike récolta de la semence avec sa main dont il donna les doigts à Soan. Ce dernier les suça avec avidité.
Enlacés l’un contre l’autre, silencieux, satisfaits, brûlants, ils écoutèrent leurs corps s’apaiser jusqu’à l’endormissement.
(à suivre)