La Muse

Published on Dec 24, 2024

Gay

La Muse Chapter 6

LA MUSE

Chapitre 6

Par David Inutookaminoma

Les traits de lumière multicolores vivaient au rythme de la musique, apparaissant ci et là, embrassant les visages et les cous, illuminant les chemises trempées, éblouissant les sourires, accompagnant les pas de danse plus ou moins heureux des clients de la discothèque. Ils fendaient l’obscurité bruyante avec une précision chirurgicale.

A gorges déployées, les gens chantaient en chœur les refrains qui s’enchaînaient. Certaines personnes semblaient avoir avalé un peu trop d’alcool fort : leurs pas chancelants les trahissaient facilement tout autant que leurs voix déraillées.

Inondée par sa sueur, la chemise de Soan collait à sa peau légèrement basanée. Certaines mèches de cheveux s’arrimaient à son front.

Face à lui, en train de danser, Meike laissait ses yeux courir dans le cou de Soan. Des gouttelettes de sueur glissaient sur sa poitrine, mouillant le tissu de sa chemise.

Aux premières notes électroniques de “Freed from desire”, titre ancien revigoré par les exploits des athlètes français aux JO de Paris, les mains se levèrent en même temps que les paresseux restés sur les fauteuils confortables. La masse de danseurs devint compacte, forçant Meike, emporté par le rythme, à se rapprocher de Soan qui passa un bras autour de lui et se mit à sauter en cadence avec lui. Tout d’abord hésitant, Meike, à son tour, enlaça Soan d’un bras. Ensemble, en chœur avec tous les danseurs, ils accompagnèrent le refrain du titre.

Les visages de Soan et de Meike s’effleuraient, leurs cuisses se côtoyaient de si près que de temps en temps, elles se touchaient.

Soan souriait radieusement ; Meike scrutait ce spectacle, tenté d’étreindre encore davantage son partenaire. Il se retint.

Un troisième garçon vint s’agglutiner à eux. Meike et Soan l’accueillirent dans leur petit cercle, lui permettant de se pencher vers l’oreille de Meike pour lui dire quelques mots.

Soan les avait vu en train de discuter à plusieurs reprises depuis leur arrivée. Comme il s’y attendait, Meike le prévint :

“Je vais prendre un peu l’air avec Fabricio.”

Soan leva un pouce tandis que Meike et Fabricio s’éloignaient. A cette seconde précise, quelqu’un enlaça Soan par derrière. Le photographe se crispa un peu et fit face à l’inconnu, qu’il ne méconnaissait pas du tout.

“Charlie !”

“Comment vas-tu, Soan ? Je pensais que tu étais avec ton mec alors je n’ai pas osé venir te saluer.”

“Je vais bien. C’est un ami. Juste un ami. Que fais-tu par ici ?”

“Je crois que j’ai fini de chercher mon date…”, dit Charlie en laissant ses mains glisser vers les hanches de Soan. “J’ai un excellent souvenir de la dernière fois…”

Soan aussi gardait un excellent souvenir du rendez-vous avec Charlie : sa mémoire remonta toutes les données en trois-quarts de seconde qu’elles fussent sonores, olfactives ou visuelles.

Ni une, ni deux, Charlie brandit un étui de préservatif intact. Soan sourit et le prit entre ses lèvres. Ils s’enfoncèrent dans la foule de danseurs.

Au petit matin, les yeux cernés, Soan quitta son lit. Totalement nu, il marcha jusqu’à la porte-fenêtre qu’il franchit. Il foula le sol du balcon au bord en pierre duquel il s’accouda. Le soleil cogna trop violemment dans ses yeux ; il les plissa.

Face à lui, à droite, l’océan à perte de vue d’un bleu profond étincelait des rayons du soleil. A gauche, la piscine était déjà occupée : Meike alignait des longueurs.

De retour dans sa chambre, il enfila son caleçon, emporta un short et un débardeur propres, attrapa dans la salle de bain sa trousse de toilette avant de dévaler les marches vers le rez-de-chaussée. Saluant amicalement Meike qui lui répondit avant de réaliser une belle coulée, il se dénuda et entra sous la douche de la piscine. Il se lava au soleil. Quel plaisir !

Ensuite, il s’affaira à préparer le petit-déjeuner pour deux, toasta des tranches de pain de campagne et réunit sur la table de la terrasse du café, du jus d’orange frais, du beurre, de la confiture.

Meike abrégea son entraînement et apporta son aide pour finaliser la mise en place.

Face à face, les deux jeunes hommes s’installèrent. Leurs regards hésitèrent à s’attacher l’un à l’autre. Pourtant, cela arriva assez vite car Soan voulut s’assurer que Meike se sentait assez en forme pour enchaîner des prises de vue.

“Tu es sûr de ce que tu veux ?” demanda-t-il.

“Oui : des photos érotiques. Avoue que tu meurs d’envie de me prendre dans des situations érotiques !”

Soan dut bien l’admettre. C’était une touche particulière dans son métier : réaliser des photos à la fois artistiques et érotiques de jeunes hommes. Meike présentait toutes les qualités requises. Le photographe n’osa pas demander les motivations de Meike en la matière.

“J’aimerais aussi”, suggéra l’Allemand, “que tu fasses des photos érotiques de Fabricio avec moi.”

Soan s’enfonça dans sa chaise :

“Ah oui ! Que s’est-il passé entre vous ?”

“Rien ! On s’est juste… embrassés.”

“Et il serait d’accord pour que je le photographie avec toi ?”

“Carrément ! N’est-il pas délicieux ?”

“Incontestablement !”

“Tu veux bien réaliser ces photos ?”

“Oui… Quand devrait-il venir ?”

“Demain… Je n’étais pas certain que nous soyons opérationnels aujourd’hui…”

Ils rirent.

“Cela me donne le temps de réfléchir à des situations.”

“A toi de me dire maintenant ce qui s’est passé pour toi ! Je t’ai vu avec un beau blond…”

“Charlie ! Un mec avec lequel j’avais déjà eu un date. On en a gardé un bon souvenir tous les deux. Donc quand il m’a vu hier, on s’est… isolés.”

“Vous avez baisé ?”

“Je te confirme que nous n’avons pas enfilé de perles ! Et finalement, la Yaris est assez spacieuse pour ça…”

“Vous avez baisé dans ta voiture ?”

“Oui ! A la place passager !”

“Aaah ! Je me suis assis là !”

Soan éclata de rire.

“Ne t’inquiète pas ! On n’a pas fait de cochonneries.”

Il y eut une ou deux minutes de silence. Puis Meike reprit :

“A quelle heure on s’y met ?”

“Je dois d’abord gérer mes commandes ; on commence après. Mais on peut aussi s’y mettre plus tard.”

“Tu sais déjà ce que tu vas me demander ?”

“Je veux te photographier…”

“...en Jockstrap, je sais !”

Leurs rires rebondirent sur le sol comme des petits lapins en fuite.

Depuis le balcon de sa chambre, Meike observait Soan en train de travailler sur le décor qu’il imaginait : un matelas gonflable pour deux personnes était enveloppé dans un drap, lui-même nappé d’une couette drapée. Tout était blanc, sauf les taies d’oreillers rouge vif. Ce décor était planté côté océan. Meike devinait qu’en fond des clichés apparaîtrait l’Atlantique. Avant de rejoindre Soan, Meike enfila un des Jockstraps.

Sur la terrasse, Soan fut évidemment distrait par l’arrivée du mannequin dont le Jockstrap relevait les formes. Il ne se laissa pas dominer par ce petit coup de vent chaud qui traversa son ventre : il se leva et rejoignit Meike qui attendait les instructions du photographe. Celui-ci s’empara d’un flacon d’huile pour la peau des bébés.

“Tends tes mains et masse légèrement ta peau avec cette huile.”

“A quels endroits ?”

“Partout ! Et quand tu auras terminé, je mouillerai ta peau”, ajouta Soan en désignant un brumisateur en plastique posé non loin sur le sol.

“Tu peux m’aider pour le dos ?”

Soan se prêta volontiers au jeu : après tout, il ne s’agissait que d’étaler de l’huile sur ses épaules, entre ses omoplates, puis de descendre vers son fessier nu en longeant sa colonne vertébrale ou ses hanches. Quand il eut terminé, il passa vite le flacon à Meike et prit la fuite, s’empressant de tourner le dos au mannequin qui sourit.

“Tout va bien, Soan ?”

“Oui, pourquoi ?”

Tout allait bien à part cette foutue érection qui déformait son short. Il valait mieux qu’il s’éloignât quelques secondes pour respirer, penser à autre chose. Il pourrait toujours prétendre qu’il pensait à Charlie monté à califourchon sur lui. Mais il ne put empêcher ses yeux de revenir à Meike qui massait ses fesses, ses cuisses, son abdomen… Soan ferma les yeux et s’obligea à respirer. Il pensa concentration, tatamis et taekwondo.

“Je suis prêt.”

Soan s’empara du brumisateur, se dirigea vers Meike qu’il aspergea de quelques nuages.

“Okay, Meike ! J’aimerais que tu te comportes aussi naturellement que possible.”

“Sois plus directif avec moi !” suggéra le mannequin.

“Plus directif”, répéta Soan pour lui-même tout en brandissant son appareil photo. “Marche vers le lit dès que je te dis GO.”

Soan se plaça dos à l’océan et donna le départ. Meike avança d’un pas tranquille vers le lit.

“Allonge-toi sur le dos… Fais comme si tu découvrais cet endroit et que tu avais envie de t’y reposer ou d’y…”

“...baiser !”

Clic !

Meike dans des mouvements contrôlés mais aussi naturels que possibles, prit place assise sur le lit, regardant au loin vers l’horizon à l’ouest. Il passa une main dans son cou, sur son épaule. Clic ! Il s’étendit sur le lit puis plia une jambe qu’il écarta en même temps. Clic !

Derrière l’oeil de sa caméra, Soan gardait la bouche entrouverte et respirait doucement. L’autre jambe de Meike s’écarta sur le côté. Ce mouvement offrit une vue immédiate sur l’entrejambe du mannequin. Ses testicules étaient couvertes mais pas la raie de son fessier. Soan ravala la salive qui s’était instantanément accumulée dans sa bouche.

Clic ! Meike se mouvait sur le lit comme si un amant invisible le caressait. Voilà qu’il se retourna sur le ventre et, dans un mouvement lent, se hissa en appui sur ses genoux et ses avant-bras. Soan avait une vue plongeante sur la petite lune de Meike. Clic ! Le mannequin le regarda avec un discret sourire. Clic !

Quand il estima avoir recueilli assez de vues de Meike en jockstrap, Soan se rendit dans la cuisine, sortit du réfrigérateur un pichet de citronnade, et revint sur la terrasse avec Meike auquel il servit un verre de la boisson fraîche. Il en but un également.

“Toujours partant ?” s’assura Meike avec sincérité. “Si tu n’as pas envie…”

“Non, j’ai envie !”

Soan dut boire un deuxième verre de citronnade. Cela amusa le mannequin qui, toutefois, s’en cacha. Il répondit favorablement au geste de Soan qui l’invita à rejoindre le lit.

Soan, dont le regard ne devait plus se détacher de ce corps affriolant pratiquement à poil devant lui, expira un grand coup quand Meike glissa sous le drap du lit.

“Le léger bruissement du drap sur ta peau bronzée suscite mon attention”, pensa-t-il. “Celui de ton slip glissant le long de tes jambes affirme la sensualité qui se dégage de toi. Sur ton beau visage, un nuage furtif soupire que quelques mots sont nécessaires pour calmer ton doute. Néanmoins, tu le chasses d'un soupir amusé. Le murmure délicat du coton qui caresse tes hanches tandis que tu les dénudes sans un mot, m'enchante. Derrière l'œil de mon appareil, m'imagines-tu troublé ? Je me sens comme le peintre fiévreux devant sa muse parfaite. Tes jambes s'écartent doucement. J'entends dans ton regard comme un doute. Tu plies légèrement un genou ; ton bassin se soulève discrètement. Derrière l'œil de mon appareil, je fais semblant de terminer quelques réglages. J'avale ma salive, mon front suinte, mon ventre s'enflamme. J'entends ta voix sans distinguer tes paroles. Tu souris. Mes paupières s'abaissent ; je respire. Au fond, m'entends-tu me rappeler à l'ordre ? L'œil de mon appareil photo prolonge mes mains et mes lèvres. Il effleure tes lignes séduisantes et cherche le point G : cette seconde qui immortalisera le meilleur de toi et laissera en suspens le désir qu'il suscitera à jamais. Saisir du bout des doigts le drap pour habiller le bas de ton dos m'oblige à capter la chaleur de ta peau. J'aimerais tant me perdre l'espace d'un instant. Dans l'océan de mes pensées, j'expire. Tu le fais... Je le vois à ta façon d'onduler... De quoi rêves-tu : de William, de Fabricio, d'un bel inconnu ? Je t'entends miauler doucement : de quoi as-tu tant envie à cet instant précis ? C'est le bon moment.”

Clic !

Meike bougea pour s’étendre sur le dos.

Sous le regard surpris de Soan, il bandait furieusement. Soan se sentit tout à coup envahi par le doute : photographier ou pas ?

“Je suis désolé”, soupira Meike, “il faut que je…”

Soan vit Meike s’emparer fermement de son pénis en érection avec sa main droite. Une goutte de sueur coula depuis sa tempe. Photographier ou pas ? Meike ferma les yeux, respirant profondément et brièvement, agitant son poignet. Soan releva l’oeil de sa caméra : clic ! Et clic ! Clic ! Clic ! Il ne savait dire si le manque de retenue de Meike le dérangeait ou l’excitait. En tout cas, derrière son œil mécanique, il ne perdait rien de cette masturbation en règle. Rien n’échappa des expressions sur le visage de Meike ou dans son attitude corporelle.

Des miaulements s’élevaient de la bouche de Meike dont les abdos se contractèrent (clic !), dont le bassin ondulait de manière de plus en plus marquée. Clic ! La cadence de son poignet s’accéléra. Clic ! Clic ! Clic ! Il poussa sur ses pieds pour lever le bassin et se cambrer. Clic !

Les gémissements de Meike devinrent plus bruyants. Il se figea. Son sperme gicla violemment partout sur son abdomen, un peu dans son cou et sur le lit. Les clics se multiplièrent.

Soan s’approcha de Meike et le regarda dans les yeux :

“Désolé”, fit, d’emblée le jeune mannequin dont les joues avaient rougi.

“Non ! Je voudrais que tu te laisses aller comme tu le ferais si tu étais seul.”

Alors, sous l'œil attentif de la caméra, Meike se détendit, s’apaisa lentement, le visage suintant de sueur. Puis il caressa son propre abdomen d’un doigt qui recueillit du sperme. Reprenant son souffle, il fixa Soan qui devina un questionnement.

“Fais comme chez toi…”

Meike avala son doigt puis sourit.

“Soan, tu bandes !”

“Te mêle pas de ça !”

Meike se mit à rire. Soan le photographia et ne put retenir son commentaire :

“Tu es très beau !”

Le sourire de Meike s’effaça sur la pointe des pieds. Les yeux dans les yeux, l’un s’incrusta pour le mieux dans l’esprit de l’autre. Allait-il franchir le pas et avancer vers moi ? Allait-il oser ? J’aimerais tant qu’il ose…

Soan se dégagea de ce redoutable tête-à-tête et prit un cliché de l’abdomen souillé de Meike sans rien cacher de son pénis qui s’apaisait. Meike croisa ses mains sur son ventre ; elles trempaient dans son sperme. Clic !

“Je n’ai pas pu m’empêcher…” précisa Meike.

“Je sais… Aucun mec de 20 ans ne l’aurait pu dans les mêmes circonstances…”

“Tu as tout photographié ?”

“Oui.”

“Tu bandes toujours !” taquina Meike.

Soan allait répondre, mais quoi ? Comment résister à une scène aussi torride ? Il tourna le dos à Meike et siffla la fin de la séance, ajoutant clairement :

“Tu as été génial ! Je range tout ça sur mon ordi ; tu pourras regarder ensuite ce que cela donne.”

“Que vas-tu faire ?”

“Me jeter à l’eau !”

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