La Muse Chapter 3
LA MUSE
Chapitre 3
Par David Inutookaminoma
Pendant que Meike Koch remontait le speedo sur son fessier et reprenait son souffle, le beau Jan Meers se releva, les yeux dilatés, les lèvres pulpeuses qu’il lui offrit pour un baiser langoureux. Meike sourit car Jan avait gardé dans sa bouche le sperme qui s’y était répandu. Le baiser, savoureux, déclencha un frisson dans le dos du jeune mannequin, et se prolongea pour la plus grande satisfaction des deux partenaires.
“Trop bon” expira ensuite Meike.
“Tu as assuré ! On se revoit bientôt ?”
“Je vais peut-être bouger en France.”
“Dommage !”
Ils s’embrassèrent puis Jan s’en alla après avoir salué Meike. Soupirant profondément, l’air assouvi, ce dernier renfila son hoodie et rentra à la maison.
À plusieurs centaines de miles de là, la Yaris rouge de Soan Hō entra dans le garage souterrain de la villa où, un large sourire sur le visage, sa grand-mère Aline était descendue l’accueillir. La vieille femme ouvrit les bras en grand pour recevoir son câlin d’arrivée, chaleureux et intense. Elle garda son petit-fils contre elle pendant près d’une minute, ne contenant pas ses larmes.
“Tu n’as pas grandi depuis la dernière fois”, taquina Soan, auquel Aline flanqua une tape tendre sur le haut du crâne.
“Je peux encore faire ça !”
“En faisant des pointes sur les pieds comme une danseuse de ballet !”
“Bon sang ! Tu parles d’une ballerine…!”, rit de bon cœur Aline. “Je t’ai cuisiné tes brochettes préférées : tu n’as plus qu’à les passer à la plancha”, ajouta-t-elle à l’intention de son petit-fils qui venait de parcourir une longue route.
“Merci, je vais me régaler. Tu es trop gentille.”
En quelques minutes, Soan déposa sa valise dans la chambre qu’il occupait à chaque visite, dont la fenêtre donnait sur l’océan, changea de tenue pour un short de bain léger et un débardeur rouge qui relevait le teint de sa peau comme une pincée de paprika soulevait la saveur d’une bonne pièce de viande.
De retour au rez-de-chaussée, il constata que sa grand-mère avait également dressé son couvert sur la terrasse face à la piscine. Elle aimait tant lui faire plaisir.
“Tu boiras bien un peu de vin rouge ?’
“Une lampée”, préféra le jeune homme qui dut, d’un geste aimable, maîtriser la générosité d’Aline.
Les brochettes de poulet nappées de curry et les brochettes de légumes commencèrent à crépiter sur la plancha. Ce fut l’occasion d’échanger des nouvelles de la famille, de part et d’autre. Soan voyait d’un mauvais œil que ses frères, sœurs et cousins prennent si peu de nouvelles de leur grand-mère. Sans rien en dire, en tant qu’aîné, il avait bien l’intention de leur botter les fesses.
“Tu as un chéri ?”demanda Aline.
“Non.”
Aline vit Soan, pour la première fois, détourner le regard.
“Tu ne peux pas te reprocher éternellement cette histoire. Tu mérites une belle histoire.”
“Mamie, non. S’il te plaît !”
Aline accepta le rappel à l’ordre. Pendant quelques secondes, elle macha ses mots.
“Tu ne vas pas internet, n’est-ce pas ?”
“Mamie, tu veux vraiment parler des mecs que je rencontre ?”
“Je veux juste que tu sois prudent.”
“Je le suis. Un date de temps en temps, sous couverture et sans prise de tête ! C’est tout ce dont j’ai besoin pour le moment.”
“Tu es mon petit-fils et ça me rend triste que tu renonces à aimer quelqu’un parce que tu as vécu un échec. Cela remonte à plusieurs années maintenant.”
Soan sourit à sa grand-mère et lui servit une chaleureuse accolade.
“Demain matin, je vais rendre visite à mon grand-père. Veux-tu venir ?”
“Quelle question ? Bien sûr”, sourit la vieille femme qui fit valoir son droit au sommeil. Souhaitant une bonne nuit à Soan, elle se retira sans un bruit.
Le jeune photographe remplit son assiette et commença son dîner dans le silence nuancé par le roulis de l’Atlantique au pied du plan rocheux sur lequel la villa se perchait et le chant des grillons.
Il activa l’écran de son smartphone et constata qu’une notification de Meike l’attendait :
“Je peux t’appeler ?”
“Ouaip !”, répondit-il.
L’appel entra quasiment aussitôt. Meike apparut torse nu, étendu dans son lit.
“J’ai vu qu’il y a des low-cost tous les jours pour te rejoindre. Quel jour te convient le mieux ?
“Samedi ! C’est le jour où je dépose ma grand-mère pour son voyage.”
“Tu pars quand chez ta grand-mère ?”
Soan sourit et fit pivoter lentement sa caméra. Les exclamations de Meike chantaient dans la nuit, rondes et douces.
“Je finis de manger et ensuite, je pique une tête.”
“Soan, peux-tu me dire combien je te dois pour l’hébergement ?”
“Meike, je loge gratuitement ; je ne vais certainement pas te faire payer d’autant que je t'ai invité. Oublie ça !”
“Tu ne peux pas recevoir gratuitement. Je veux aider.”
“Tu peux participer pour la nourriture, si tu veux.”
“Combien ?”
“Aucune idée ! Meike, je vais tirer avantage de créer ton portfolio. Pour moi, c’est une sacrée promo si tu perces. Donc oublie cette question d’argent.”
“Je ne dis pas mon dernier mot.”
Soan sourit. À sa place, il défendrait la même valeur. Puis, il vit une ombre sur le visage de Meike et ses sourcils se fermer.
“À quoi tu penses ?”
“Je connais un mec depuis que je suis gosse. On se voit depuis des années pour baiser. Il me pose des lapins depuis des années et je suis toujours déçu. Il m’a fait faux bond hier soir et je ne m'en remets pas.”
“Pourquoi il fait ça ? Il va voir ailleurs ?”
“Sûrement…”
“Tu ne peux pas accepter qu’un mec te traite comme ça. Tu l’aimes ?”
“Je n’irais pas jusque-là. Mais il suffit qu’il me regarde et j’oublie qu’il m’a manqué de respect.”
“Écoute, ici, tu peux trouver sans problème des mecs qui te feront oublier ce gars-là !”
À Wyk auf Föhr, Meike rit. Il se dit que Soan avait raison. Mais comment continuer l’aventure sans les attaches rassurantes auxquelles il s’était accroché jusqu’à maintenant ? Oublier Erwin et sa gueule d’ange ? Facile à dire !
“Mec” intervint encore Soan, “tu viens en France, tout près de l’Espagne pendant un mois : si tu ne baises pas un joli mec ici, je te jette à la flotte !”
Meike éclata de rire puis objecta :
“Je ne parle pas français !”
“Parle anglais : ça passe ! Et puis la baise est une langue internationale !”
Nouveaux éclats de rire.
“Je n’ai plus qu’à préparer mes bagages et rentrer à Hamburg”, expliqua Meike. “J’ai hâte de commencer ces shootings avec toi !”
“Dis-moi, Meike : quelles sont tes marques de vêtements préférées ?”
“Je dirais CK, Dsquared, Boss, TH. CK pour les briefs et tight fit trunks. Jockstraps are sexy.”
“Tu portes des jockstraps ? Je veux te voir en jockstrap !”
Meike éclata de rire.
“Pourquoi tu demandes ça ?”
“Pour voir à qui j’ai affaire !” sourit Soan.
“Et donc ?”
“Alors ça va : tu peux venir !”
“Merci beaucoup, Monsieur Hō. Bonne baignade. On se recontacte ?”
“Bien sûr.”
Ils allaient raccrocher mais à la dernière seconde, Soan interpella vivement Meike :
“Envoie-moi tes mensurations ! Tu sais : poitrine, hanche, etc.”
“D’accord”, accepta Meike, “pourquoi en as-tu besoin ?”
“J’essaie un truc.”
“Tu éveilles ma curiosité : dis-moi !”
“Non, je ne voudrais pas que tu sois déçu au cas où cela n’aboutirait pas. Bonne nuit, beau gosse !”
“Merci ! Bonne nuit à toi aussi !”
L’iris marron de Meike parcourut sa chambre : sa valise attendait déjà près de la porte, pressée de rentrer à Hamburg puis de partir pour la première fois de sa misérable existence, en France.
Sainte-Atlantes… Où était donc cette ville ? Meike ouvrit une application de cartes géographiques : extrême sud-ouest de la France, proche de la frontière espagnole, face au Golf de Gascogne. Rapidement, le jeune Allemand enregistra quelques mots : montagne, océan, forêt, nature… Tout ce qu’il pouvait espérer pour ce séjour qui, pourtant, allait prendre une tournure professionnelle. Un photographe professionnel allait l’aider.
Il éteignit la lumière, s'allongea confortablement et tenta de fermer les yeux un instant. Tant de choses lui passaient par la tête : Erwin, le divorce de ses parents, cette partie de sa vie qu'il allait devoir abandonner à cause de ce divorce, et tant d'autres choses. Contre le stress, il avait un remède : il attrapa son smartphone, surfa quelques secondes et opta pour une vidéo porno.
(à suivre)